L’ex-numéro 2 de LR, très critique vis-à-vis d’Emmanuel Macron, souhaite « donner des ailes et de l’air » à la droite.

Virginie Calmels, encartée LR, ex-numéro deux des Républicains auprès de Laurent Wauquiez, ancienne adjointe d’Alain Juppé à Bordeaux et re- tirée de la vie politique depuis 2019, a décidé de participer à l’élection du nouveau président du parti en décembre, à condition d’obtenir les parrainages nécessaires.

LE FIGARO.- Dans une tribune au Figaro, en juin, vous appeliez à « sauver la droite » et à la « reconstruire » en associant libéralisme et souverainisme. Alors que les Républicains vont élire un nouveau président, quel rôle comptez-vous jouer ?

Virginie CALMELS.- Je suis candidate à la présidence des Républicains. Pour- quoi ? Parce que je ne me résigne pas à voir LR enchaîner les défaites et continuer à se rétrécir sans ligne claire. Parce qu’il existe un risque fort que la droite s’efface derrière l’extrême droite com- me le PS s’est effacé derrière LFI. Parce que j’ai la conviction qu’il y a un chemin pour la refondation avec une ligne équilibrée, créative et gagnante. Parce que ce parti compte encore de nombreux ta- lents qui mériteraient d’être davantage mis en lumière. Et enfin parce que j’ai la détermination, l’énergie et la méthodologie pour y parvenir. Nous parlons du parti du Général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Valéry Giscard d’Estaing, de Jacques Chirac, d’Alain Juppé, de Ni- colas Sarkozy, ce n’est pas rien tout de même ! On ne va pas le laisser disparaître sans rien faire !

Quel est votre projet pour réussir ?

Je souhaite donner « des ailes et de l’air à LR » ! Derrière le credo de ma campagne, c’est un véritable plan d’action que je décline. Donner des ailes, pour porter une vision et un espoir pour notre pays, notamment en s’intéressant aux profondes mutations auxquelles nous faisons face – tant géopolitiques que climatiques, économiques et sociales – et en appréhendant les enjeux de progrès sans oublier nos racines, notre culture et notre histoire. Donner de l’air, pour apporter un nouveau souffle au parti, en attirant notamment de nouveaux profils, en étant dans l’interactivité avec nos militants et en osant les débats internes. En bref, créer un collectif stable capable de trouver du plaisir à travailler ensemble, de se respecter mutuellement, de restaurer la confiance et la fierté de nos adhérents, de nos élus et de nos électeurs, et d’obtenir des résultats pérennes !

«Équidistante d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, la droite à laquelle j’aspire, qui associe liberté et restauration de la souveraineté, est une droite à l’épicentre des différents courants de LR donc rassembleuse»

En quoi votre candidature serait-elle plus rassembleuse que celle d’Éric Ciotti ou celles possibles – entre autres –de Bruno Retailleau et d’Aurélien Pradié ?

Équidistante d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, la droite à laquelle j’aspire, qui associe liberté et restauration de la souveraineté, est une droite à l’épi- centre des différents courants de LR donc rassembleuse. Je ne crois pas en des lignes excluantes, soit étatiste et souverainiste, soit trop conservatrice, soit illibérale qui achèveront de perdre les électeurs de droite. Et comme il y a quatre ans comme première vice-présidente des LR, je combats toujours farouchement l’alliance des conservateurs et des populistes, sorte de Nupes de droite. Je crois en une droite sans complexe où rien n’est tabou : ni l’autorité en matière régalienne dans les domaines de la sécurité, de l’immigration, de la justice ou de la défense ; ni la justice en matière sociale ; ni la liberté en économie ; ni la responsabilité en matière d’écologie ; ni l’efficience en matière de santé et d’éducation. Il s’agit de porter un projet qui ne privilégie pas le régalien au détriment de l’économie, ni la santé au détriment de la liberté ou du travail, ni l’humanisme au détriment de la sécurité, ni le social au détriment de l’équité, ni l’égalité dans l’éducation au détriment de l’excellence. En tant qu’élue pendant six ans à Bordeaux et engagée pendant quinze ans dans des actions caritatives, j’ai pu me forger une conscience politique. Parallèlement, en tant que chef d’entreprise depuis vingt-cinq ans, fédérer une équipe de travail, assumer des responsabilités, et définir un cap, est mon quotidien. Cette double expérience rend ma candidature singulière.

Les Républicains ont fait leur pire score à la présidentielle. LR est-il toujours le meilleur endroit pour reconstruire la droite ? Pour Laurent Wauquiez, « l’alternative » à reconstruire « doit dépasser les questions d’appareils », pour Xavier Bertrand, son parti Nous France « pourra attirer les gens à qui LR ne parle plus ».

Tentons d’abord de refonder le parti afin de renouer avec les déçus de LR et de disposer d’un large socle, avant de songer à dépasser les questions d’appareils. Rappelons que LR bénéficie pour cela de fondations solides (l’UDR, le RPR, l’UDF et l’UMP).

À l’heure les crises se multiplient, le libéralisme que vous défendez pourrait effrayer les Français. Comment rassurer ceux qui craignent un déclassement et une paupérisation pour eux et leurs enfants ? 

La France est championne d’Europe des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, ce qui nous place en tête des nations les plus socialisées, et pourtant on a 9 millions de pauvres et 5,5 millions de chômeurs. Nous ne pouvons que constater l’échec de l’État-providence ! A contrario, la dernière politique réelle- ment libérale menée en France a été celle d’Édouard Balladur en 1986 et elle avait porté les fruits de la croissance et de la prospérité. Nous ne pourrons donc pas faire l’impasse sur la nécessité de repenser le rôle et la place de l’État, de questionner le rapport aux dépenses publiques, d’encourager les initiatives individuelles et entrepreneuriales, de revoir en profondeur l’organisation bureaucratique qui obère l’efficacité des services publics. Par ailleurs, il ne faut pas confondre libéralisme et capitalisme ou mondialisme et il faudrait beaucoup de pédagogie pour en- fin sortir de la diabolisation du mot libéralisme et s’accorder sur sa définition. Quand les «gilets jaunes» ressentaient l’injustice profonde d’une taxation qui nous dépossède du fruit du travail, retenant près de 2 euros gagnés sur 3 au total, et piétinant ainsi nos droits fondamentaux de propriété, ils étaient libéraux ! Le libéralisme, c’est aussi la défense des libertés individuelles et la crise sanitaire nous a montré combien elles pouvaient être remises en cause.

« Il y a un chemin pour la refondation avec une ligne équilibrée, créative et gagnante », affirme Virginie Calmels.

Le projet politique que vous portez serait-il très différent de celui défendu, au sein de la majorité présidentielle, par Édouard Philippe ou Bruno Le Maire ? Les LR doivent-ils travailler avec Emmanuel Macron ?

Il y a des différences majeures. La grande faiblesse du macronisme, c’est le régalien avec une disparition inquiétante et flagrante de l’autorité de l’État, une insécurité croissante, un déni évident face à la menace islamiste et à une absence d’action sur l’im- migration, ainsi qu’une incurie dans la gestion des dépenses publiques hors Covid. En outre, le « en même temps » d’Emmanuel Macron montre quotidiennement ses limi- tes, encore récemment sur le droit de vote des étrangers.

Vous avez été la vice-présidente de Laurent Wauquiez à la direction des Républicains, en 2017. Est-il le candidat naturel de la droite pour 2027 comme certains le souhaitent ?

L’heure est à la refondation du parti et, comme je l’ai déjà dit, à la reconquête de la confiance et de la fierté ! Mettons fin à la mauvaise habitude consistant à mélanger reconstruction du parti et prépa- ration des présidentielles. Le temps n’est donc pas venu de savoir qui de François Baroin, Xavier Bertrand, David Lisnard, Valérie Pécresse ou Laurent Wauquiez portera nos couleurs aux présidentielles de 2027. Reconstruisons d’abord, projetons-nous ensuite. ■