On continue d’essayer de faire croire aux Français qu’être contre une immigration de masse et incontrôlée serait contradictoire avec les valeurs d’humanisme et de respect des êtres humains qui forment le cœur de ce qui fait la France.

Le projet de loi sur l’asile et l’immigration est le dernier exemple en date du « en même temps » macroniste : prétendument « ferme », et prétendument « humaniste », le projet de loi échoue de manière cuisante sur les deux tableaux. Plutôt que de montrer la voie hors du chaos migratoire, le gouvernement nous propose des demi-mesures, qui mélangent des dispositions techniques sans portée, comme la réduction du délai de traitement des demandes d’asile, avec des mesures ouvertement favorables aux migrants, comme l’élargissement du regroupement familial. L’humanisme consiste à accueillir décemment, intégrer et assurer un avenir, et non à promettre en vain des choses qu’on ne pourra assurer, par manque de moyens. Avec près de 9 millions de pauvres en France, l’objectif n’est pas d’élargir la base des plus démunis, mais de tirer tout le monde vers le haut. La France est une terre d’asile et des droits de l’homme, et j’en suis fière, mais nous avons malheureusement excédé notre capacité à accueillir humainement de nouveaux arrivants désœuvrés.

La France, et plus largement l’Union Européenne, sont mises à l’épreuve d’une pression migratoire sans précédent. Le nombre de migrants présents sur le sol européen et qui ne peuvent prétendre à l’asile est estimé à 1,5 million, soit un niveau absolument inédit. Et pourtant, comme l’ont montré les récents débats dans l’hémicycle, on continue d’essayer de faire croire aux Français qu’être contre une immigration de masse et incontrôlée serait contradictoire avec les valeurs d’humanisme et de respect des êtres humains qui forment le cœur de ce qui fait la France. Mais les Français ne sont plus dupes : 65% d’entre eux estiment que l’immigration a un effet négatif sur notre économie et la dépense publique, sur le vivre-ensemble, et plus généralement pour notre avenir ; et la même proportion juge que la politique migratoire d’Emmanuel Macron n’est pas assez rigoureuse. Ils savent donc, comme nous, que le règne sans compromis de l’État de droit tant sur notre territoire qu’à nos frontières est la condition sine qua non à la réalisation de l’humanisme républicain.

La politique de la ville pratiquée depuis 50 ans est à ce titre un échec spectaculaire. Ainsi, la France faillit dans l’accueil des réfugiés: alors que le gouvernement avait attribué l’asile, à 32 000 personnes, il ne prévoit que 4000 places d’attribution supplémentaires pour 2018, ce qui est tout simplement intenable. Insoutenable, parce qu’elle expose les difficultés de la politique de logement menée en France, illustrée par la trop faible construction de logement, la surpopulation dans les crèches et dans les écoles. En rassemblant les populations récemment immigrées dans des banlieues ghettos, elle ne fait que créer autant de bombes à retardement dans tout le pays, car sans intégration les nouveaux arrivants apportent avec eux les problèmes qu’ils ont laissés derrière eux.

Où est l’humanisme lorsqu’on continue de laisser venir des migrants non qualifiés, alors que notre pays compte toujours 6 millions de chômeurs et souffre d’un manque chronique d’emplois non qualifiés ? Ces nouveaux arrivants aspirent à pouvoir trouver un travail, mais cet espoir est vain vu que notre économie n’a pas l’offre de travail non qualifié nécessaire. En les accueillant, on les condamne donc à l’assistanat, ou à rejoindre les rangs des 9 millions de Français frappés de plein fouet par la pauvreté. L’immigration économique est certes nécessaire, alors que 200 000 emplois restent non pourvus chaque année notamment dans le domaine de la restauration (25000) et de l’hôtellerie (17 000), mais elle n’est pas assez ciblée et orientée dans une logique d’immigration choisie, en fonction de nos besoins économiques. Il en est de même pour l’apport d’étudiants étrangers : si c’est un formidable atout pour notre pays, ce système est trop souvent dévoyé, et nuit à ceux qui en ont le plus besoin.

Où est l’humanisme enfin, lorsque les étrangers en situation irrégulière peuvent se faire soigner gratuitement grâce à l’aide médicale d’État (AME) — qui nous coûte maintenant près d’un milliard d’euros par an — en accordant notamment des soins de confort comme les soins dentaires alors que 33% des Français refusent de se soigner par manque de moyens ? Une telle injustice sape le vivre-ensemble, en cultivant une haine de l’étranger présenté alors comme bouc-émissaire de la faillite de notre système social.

La bien-pensance et l’autocensure mènent à la catastrophe. L’intellectuel et essayiste britannique Douglas Murray, dans son excellent ouvrage L’Etrange suicide de l’Europe, décrit ce qui s’est passé en Suède et y revient dans une récente interview du FigaroVox (20 avril 2018): « aucun pays en Europe n’a accepté autant de migrants ces dernières années que la Suède. Et personne n’a autant de problèmes. Il n’y a rien à faire pour les Suédois. Plus personne n’a une classe politique aussi ridiculement timide, autocensurée et volontairement aveugle. J’ai fait le tour des banlieues et j’ai vu des quartiers désormais envahis par les crimes, les gangs, les viols et les attaques à la grenade. ». La Suède est donc loin d’être le modèle que les bien-pensants prétendent.

C’est pourquoi j’ai toujours été opposée à « l’identité heureuse » déconnectée des réalités de ce que vivent les Français (et les immigrés) en terme de non-droit et de ségrégation, et c’est pourquoi « l’identité bien-heureuse » que le Président semble vouloir promouvoir nous conduit droit dans le mur. Au contraire, l’ordre républicain doit être rétabli sur l’ensemble de notre territoire et à nos frontières, et l’immigration doit être jugulée : c’est une condition nécessaire à la réussite de l’intégration des nouveaux arrivants et à une pacification de notre société.

La restriction du droit du sol à la régularité du séjour des parents, le durcissement des conditions pour le regroupement familial, l’allongement de la durée de résidence nécessaire à une naturalisation, la création d’une liste de « pays sûrs » dont les ressortissants ne pourraient pas demander l’asile, la restriction de l’AME aux maladies épidémiques ou urgences médicales, ou encore la définition par le Parlement de quotas annuels d’immigration par catégories, sont autant de solutions rejetées par Emmanuel Macron. Pourtant, elles font l’unanimité non seulement chez les Républicains, de Valérie Pécresse à Laurent Wauquiez, en passant par le groupe Les Républicains à l’Assemblée Nationale (qui contrairement au groupe LaREM, a voté unanimement) mais aussi parmi les Français : de 70 à 90% d’entre eux soutiennent ces différentes mesures.

Ce sont des mesures de bon sens face au résultat inhumain de la politique de laisser-faire qui a cours en France depuis des décennies, et qui est poursuivie sous le gouvernement actuel. Murray nous prévient, cette absence de courage nous conduit à une forme de suicide : «Si la classe politique ne répond pas aux préoccupations des peuples, les extrémistes finiront par l’emporter ». Faire valoir le bon sens et les valeurs humanistes qui sont les miennes, et endiguer la montée des extrêmes, tels sont les principes fondateurs de mon engagement en politique.