LE CERCLE/TRIBUNE – Virginie Calmels, première vice-présidente des Républicains, appelle Emmanuel Macron à baisser les impôts.
Les chiffres de la croissance du premier trimestre sont tombés : +0,3 %, contre +0,7 % au dernier trimestre 2017. En cause ? Une consommation atone des ménages. Quoi de surprenant alors à ce qu’Emmanuel Macron ait augmenté les prélèvements sur les ménages ? Dans la droite ligne de la politique de François Hollande, le gouvernement a préféré augmenter la dépense publique au lieu de la baisser, et a donc dû, pour contenir le déficit public, augmenter les impôts en ciblant les classes moyennes et les retraités.
La « cigale présidentielle » a choisi de réclamer leur « juste » contribution à des Français au budget déjà serré. La voilà aujourd’hui fort dépourvue quand ces ménages réduisent leurs dépenses et impactent ainsi la croissance. Et elle se retrouverait encore plus dépourvue, la bise venue, avec la hausse – malheureusement probable – des taux d’intérêt. Car si la croissance continuait à se tasser, voire à faire défaut, et que les taux d’intérêt se mettaient à augmenter, nous nous dirigerions tout droit vers un scénario catastrophe.
Réaliser des économies
Les cycles économiques passés nous l’ont pourtant appris : la croissance est un luxe, qui est loin d’être éternel, et doit constituer une opportunité pour remettre à flot le système et se préparer aux prochains défis. L’année dernière, la croissance était là (+2 %) et les taux d’intérêt toujours très bas (0,8 %), pourtant, la France a été le seul pays de l’UE (hormis le Luxembourg, très peu endetté) à voir sa dette rapportée au PIB (97 %) augmenter.
Le président est trop souvent qualifié de libéral, voire d’ultra-libéral. Il prouve pourtant qu’il est au contraire étatiste et centralisateur, et qu’il ne mène pas la politique économique libérale mise en oeuvre avec succès par d’autres pays, ayant permis d’abaisser la dépense publique, les impôts et le chômage.
La baisse de la dépense publique, et en priorité les dépenses de fonctionnement, est le préalable indispensable pour permettre de retrouver des marges de manoeuvre. Elle est possible, d’une part, grâce à une simplification administrative drastique et à la numérisation des services. D’autre part, par la mise en oeuvre d’une véritable politique de gestion des ressources humaines dans la fonction publique (baisse de l’absentéisme, hausse du temps de travail qui est encore à 32 heures dans de nombreuses collectivités, primes au mérite, mobilité, etc.).
Enfin, par la redéfinition des « services publics » et des « services au public ». Cela permettrait d’accroître l’efficacité de la dépense publique dans notre pays, qui comporte 80 fonctionnaires pour 1.000 habitants (60 en moyenne dans l’UE) en maintenant ce « service au public » à un niveau constant, voire supérieur. De surcroît, on ne pourra faire l’impasse sur une vraie réforme des retraites (convergence entre les régimes privé et public, etc.), sur la suppression de niches fiscales inopérantes et sur une réforme des allocations chômage en s’inspirant des lois Hartz.
Réduire la pression fiscale
La baisse de l’impôt est une nécessité pour relancer la consommation et l’investissement. Supprimer ou baisser certains impôts ne peut s’apparenter à un « cadeau fiscal », comme on l’entend trop souvent, alors qu’il ne s’agit que de prendre un peu moins dans la poche des contribuables. Mais sans baisse de la dépense publique, toute suppression d’impôt s’accompagne d’une hausse d’un autre impôt ou taxe dans un jeu de bonneteau fiscal à somme nulle.
Les Français devront attendre le 29 juillet prochain pour travailler pour eux.
Enfin, il s’agit de revaloriser le travail. François Hollande avait eu cette idée folle d’aligner la fiscalité du capital sur celle du travail. Emmanuel Macron a heureusement corrigé cette ineptie avec la flat tax sur le capital et la suppression de l’exit tax. Mais il a oublié les travailleurs, notamment en ne restaurant pas la défiscalisation des heures supplémentaires mise en oeuvre par Nicolas Sarkozy.
Pour revaloriser le travail, il conviendrait d’aligner progressivement la fiscalité du travail sur celle du capital. Car alors que, depuis le 19 avril, les contribuables américains travaillent pour eux, les Français devront, eux, attendre le 29 juillet prochain.
Virginie Calmels est première vice-présidente des Républicains.