Par Dominique De Montvalon et Christine Ollivier.
A l’occasion des élections régionales de fin d’année, l’ancienne patronne d’Endemol Virginie Calmels, une proche d’Alain Juppé, entre avec fracas en politique.
Promue chef de file des Républicains pour les élections régionales en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, la puncheuse juppéiste Virginie Calmels, 44 ans, n’y va pas pour faire de la figuration. Ce n’est pas du tout le genre de l’ancienne directrice générale du groupe Canal+, ex-présidente du groupe Endemol France (à l’origine, entre autres, de l’arrivée de la télé-réalité dans l’Hexagone) et ex-directrice générale d’Endemol Monde. Samedi dans le privé, aujourd’hui en politique, elle ne fait jamais les choses à moitié. « Mon plus grand défaut, sourit-elle, l’impatience. »
« La droite, c’est ma famille politique »
« Il n’y a pas de combats ingagnables », martèle cette chef d’entreprise, devenue, depuis un an, première adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux et bien décidée désormais à s’engager totalement en politique. Ses premières cibles : Alain Rousset en Aquitaine, Jean-François Macaire en Poitou-Charentes et Gérard Vandenbroucke dans le Limousin, trois ténors socialistes, « spécialistes du robinet à impôts », qui, non contents de donner le sentiment que la région « leur appartient », dit-elle, additionnent aujourd’hui « leurs trois taux de chômage, leurs trois taux d’endettement ».
Lorsqu’Alain Juppé, qu’elle n’avait rencontré jusque-là qu’une seule fois en 2002 dans un dîner privé, lui propose en 2013 de venir renforcer à Bordeaux son équipe municipale, Virginie Calmels n’hésite pas : elle fonce. « C’est ma ville de cœur et c’était Alain Juppé. Je savais qu’un jour je ferais de la politique. Je me suis dit : si je dis non, je le regretterai… » Venue de la « société civile », elle s’est fait un peu violence pour franchir le pas en acceptant de s’engager dans un parti. Le 30 mai, elle a pris la parole porte de la Villette : « Je préfère être la première adhérente aux Républicains que la dernière à l’UMP. J’ai voté Chirac et Sarkozy. Je n’ai jamais été tentée par Bayrou. La droite, c’est ma famille politique. » Et d’ajouter, avec un petit sourire : « Cela dit, si j’étais aux États-Unis, je serais démocrate. » Explication : « Je n’ai aucun problème avec les idées libérales dans le domaine économique, mais je suis attachée au modèle social français. »
Selon elle, Juppé est le seul à incarner l’ »union nationale »
Si elle se lance, c’est aussi parce que, elle en est convaincue, « nous vivons un moment historique. Quand je vois François Hollande jouer la montre en préparant 2017, ça me rend malade. Assez de ces dirigeants qui, à peine élus, sont focalisés sur leur réélection. » La juppéiste complète : « Alain Juppé, lui, ne sera pas focalisé sur sa réélection. Car il ne fera qu’un mandat. Et comme il a l’expérience du pouvoir, la connaissance de l’appareil d’État et qu’il a su, il nous l’a dit, tirer la leçon des erreurs qu’il a pu commettre, il sera plus courageux que Pierre, Paul ou Jacques, qui, eux, seraient déjà dans le calcul d’après. On ne s’improvise pas président de la République. On n’a plus le temps pour des amateurs. »
Bien décidée, si elle est élue, à organiser un référendum pour que les habitants choisissent eux-mêmes le nom de leur région, Virginie Calmels se souvient de l’image de Juppé qu’elle avait avant de travailler à ses côtés : « Intimidant, très sûr de lui, ayant une opinion sur tout. » Mais, depuis, elle a découvert à l’hôtel de ville de Bordeaux un autre homme qui, assure-t-elle, est le seul à même d’incarner demain, depuis la droite, « une forme d’union nationale ; il n’est pas un diviseur. » « Quand je vois Marine Le Pen aussi haut dans les sondages sans parler des valeurs qu’elle porte et de son programme en réalité d’extrême gauche, cela me fait peur, confie la candidate. Devant ce danger, il est capital que notre camp, au sens le plus large, se mobilise. »