Par Laurent de Boissieu
L’ancienne juppéiste Virginie Calmels, toujours Première adjointe au maire de Bordeaux, est devenue numéro deux du parti Les Républicains qui organise Mardi 19 décembre, son premier bureau politique depuis son élection interne.
L’affaire avait été conclue dès la campagne : élu sans suspense à la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez a nommé la libérale Virginie Calmels au poste de vice-présidente déléguée. Numéro deux donc, avec un vrai défi : ne pas cautionner le tournant conservateur et protectionniste que les libéraux dénoncent depuis des années, mais au contraire peser sur cette ligne.
Bref, faire mentir l’idée que l’histoire se répéterait : nommée à ce poste en décembre 2014 par Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet avait fini par en démissionner au bout d’un an. Sarkozy avait alors approché Calmels, qui refusa. Et Wauquiez fut nommé.
Ex femme d’affaires et ancienne juppéiste
Seconder Laurent Wauquiez dans le parti n’était pourtant pas un scénario imaginé par Virginie Calmels. Née à Talence en 1971, elle est entrée en politique en 2014 seulement, convaincue par Alain Juppé de se présenter aux municipales. « Je ne suis pas une femme politique. D’ailleurs, je ne suis pas encartée », déclarait-elle à l’époque.
Diplômée de Sup de Co Toulouse puis de l’Institut européen d’administration des affaires, elle fut successivement directrice financière de Numericable, directrice générale déléguée de Canal +, présidente-directrice générale d’Endemol France puis directrice générale d’Endemol Monde. Avant de décider, en 2013, de monter sa propre entreprise à Bordeaux.
Élue première adjointe, Virginie Calmels est vite devenue incontournable dans l’entourage du maire. Aux régionales de 2015, Alain Juppé l’impose comme tête de liste en Nouvelle-Aquitaine. C’est à cette occasion qu’elle adhère à l’UMP, devenue Les Républicains.
Finalement, en février 2016, il la présente comme celle qui lui succédera à la mairie de Bordeaux s’il est élu à l’Élysée. Mais depuis l’échec de la primaire, les liens entre eux se sont distendus. « Vous êtes toujours juppéiste, Virginie ? », avait interrogé Alain Juppé en qualifiant son ex-bras droit de « juppéiste de service » au sein de la direction provisoire des Républicains nommée en novembre 2016 par François Fillon. « Bien sûr que je reste juppéiste », a répondu à distance Virginie Calmels en rendant public, en septembre 2017, son soutien à Laurent Wauquiez.
Une libérale de droite
Au-delà des aléas de la vie partisane, son leitmotiv est la défense du libéralisme économique. « Le monde de l’entreprise reste au cœur de mon identité », répète celle qui siège dans plusieurs conseils d’administration et qui préside le conseil de surveillance d’Euro Disney.
« Assumons un libéralisme de droite », exhortait-elle, en janvier 2017, lors du lancement de son club « DroiteLib », entourée à la fois d’Alain Juppé et François Fillon. « Les Républicains doivent construire un projet libéral », reprenait-elle dans une tribune pour L’Opinion, en novembre, aux côtés du modeste Parti libéral-démocrate.
Libérale et de droite. Car Virginie Calmels l’assure : avant la présidentielle, elle a été « approchée par les soutiens et donateurs d’Emmanuel Macron ». En vain. « Je n’ai pas eu envie de créer l’explosion de la droite en rejoignant le futur gouvernement », a-t-elle expliqué sur BFM-TV. Aux antipodes des choix du premier ministre Édouard Philippe (ancien porte-parole d’Alain Juppé) et de son conseiller Gilles Boyer (ancien directeur de campagne).
Restée chez Les Républicains, Virginie Calmels devra maintenant prouver que son libéralisme est audible auprès de Laurent Wauquiez. D’autant plus que Valérie Pécresse a, à l’inverse, choisi avec son club « Libres ! » d’incarner une opposition interne à la direction. L’avenir dira quelle aura été la meilleure stratégie pour les libéraux.
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La nouvelle équipe dirigeante des Républicains
Président : Laurent Wauquiez.
Vice-présidente déléguée et première vice-présidente : Virginie Calmels.
Vice-présidents : Guillaume Peltier, Damien Abad.
Secrétaire générale : Annie Genevard.
Secrétaire général délégué (communication) et responsable du porte-parolat : Geoffroy Didier.
Secrétaires généraux adjoints : Julien Aubert (formation), Valérie Boyer (relations avec la société civile), Mathieu Darnaud (élus locaux), Fabien Di Filippo (adhésions), Virginie Duby-Muller (fédérations), Sophie Primas (relations avec les parlementaires).
Porte-parole : Lydia Guirous, Gilles Platret, Laurence Sailliet. Trésorier : Daniel Fasquelle.