Le 20 septembre, vous avez obtenu devant la justice votre réintégration comme candidate au congrès LR. Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?

Quand je me suis lancée dans cette élection, je souhaitais défendre une ligne politique ferme sur les sujets régaliens, et rompant avec l’étatisme jacobin centralisateur et technocratique en économie. Une ligne qui soit à l’épicentre des droites, équidistante de Marine Le Pen et Emmanuel Macron. J’ai souhaité apporter mon énergie et ma détermination pour participer à refonder un parti qui n’a connu que des échecs électoraux au plan national depuis 2007. Malheureusement, ce débat démocratique n’a pas pu avoir lieu, la Haute autorité des Républicains ayant invalidé ma candidature pour des motifs fallacieux. J’aurais pu choisir de me taire, or cette manœuvre a concerné aussi 84000 adhérents. Il était donc de mon devoir d’aller en justice.  Le tribunal de Paris a reconnu un « trouble manifestement illicite ». Il est sans équivoque que ma candidature a été bloquée indûment et délibérément.

Depuis, le parti a décidé de reporter d’un mois le délai pour le dépôt des parrainages. Cela vous satisfait-il ?

La Haute Autorité tente de résoudre les problèmes qu’elle a elle-même générés ! Nous nous étions mis d’accord pour repousser au 3 novembre la date limite de dépôt des parrainages afin de rétablir un peu d’équité dans le processus électoral alors que ma campagne n’a duré que … 4 jours ! Mais, afin que la campagne officielle ne soit pas raccourcie et afin de respecter l’article 25-1 du règlement intérieur de LR, j’avais demandé un report du scrutin d’autant. Le parti a refusé. Quand j’entends dire qu’il est normal dans le monde politique de ne pas respecter les textes fondateurs, alors que toute association se doit de le faire, je suis atterrée. C’est une insulte pour les adhérents qu’un Parti dit « de gouvernement » ne sache pas se gouverner lui-même et se place au-dessus des lois, faisant peser sur l’élection un risque d’invalidation, quelques jours seulement après avoir été condamné en justice ! La Haute Autorité se révèle pire que « la COCOE » !

C’est la seule irrégularité ?

Malheureusement non. La Haute Autorité s’est permise il y a quelques jours d’adresser aux adhérents un courriel, soit-disant en mon nom, en reprenant des éléments de mon site internet, dont ma signature, sans ma validation ni même mon information préalable. Mais où va-ton ? J’imaginais aussi que le parti allait tirer les conséquences du référé en réintégrant les 84.000 adhérents qui, tout comme moi et sans fondement statutaire, ont été considérés à tort comme n’étant plus à jour de cotisation. Cela n’a pas été le cas et ce n’est pas anodin. Je rappelle qu’au 31 décembre 2021, le parti revendiquait 132000 adhérents, soudain passés au 30 juin à 48500. En rétrécissant le corps électoral des deux-tiers, on modifie évidemment la représentation des courants politiques qui s’étaient exprimés lors de la primaire de 2021. En les excluant et en les privant indûment de leur droit, notamment de parrainer un candidat, on biaise mécaniquement le résultat du congrès. Un Parti ne peut pas se reconstruire sur de telles manigances.

Serez-vous candidate à cette élection ?

Ne souhaitant pas cautionner ces multiples irrégularités juridiques et ces manœuvres politiciennes par ma participation à cette élection, j’ai décidé de me retirer. Je tire ma révérence à cette tartufferie.

Soutiendrez-vous un autre candidat ? Voterez-vous ?

Je ne vais pas participer à une campagne dont je dénonce les modalités. La ligne politique que je défends ne sera plus représentée. Une chose est certaine : je ne serai pas du côté de ceux qui prônent l’union des droites et veulent faire de la droite républicaine un supplétif de Marine Le Pen ou Eric Zemmour.

Avez-vous le sentiment que ce scrutin est joué d’avance ?

Il est évident que certains tirent les ficelles en coulisse pour installer Eric Ciotti à la tête du parti et proclamer immédiatement Laurent Wauquiez candidat de LR à la présidentielle de 2027. Ma candidature était un grain de sable dans les rouages d’un scénario qui se voulait bien huilé.

Après votre victoire en référé, allez-vous saisir la justice au fond ?

Non. Mon objectif était d’aider à la reconstruction de la droite, pas d’acculer un Parti qui devrait au contraire se ressaisir et honorer l’héritage dont il est dépositaire.