Un entretien exclusif avec Virginie Calmels, présidente de DroiteLib, vice-présidente des Républicains auprès de Laurent Wauquiez.

Contrepoints – La droite est sortie lessivée et désorientée de la campagne présidentielle. Emmanuel Macron, autant par tactique que par conviction, semble, lui, avoir réussi le tour de force d’incarner auprès des électeurs une offre réformiste et libérale traditionnellement attachée à la droite modérée.

Aujourd’hui, c’est cette image de Macron réformiste qui s’effrite, révélant sa nature très classiquement social-démocrate. Qu’avez-vous envie de dire aux libéraux qui se sont laissés séduire par En Marche ? Qu’est-ce qui fait que LR offre une plus grande chance de réformer le pays que l’équipe dirigeante ?

Je crois, comme vous, qu’Emmanuel Macron a fait beaucoup de déçus parmi les libéraux. Malgré les quelques propos parfois intéressants qu’il a pu tenir pendant la campagne présidentielle, il apparaît aujourd’hui comme un social-démocrate, centralisateur et étatiste.

La première chose que je veux dire aux libéraux c’est de ne pas perdre espoir. Je sais que ce n’est pas facile de défendre ces idées dans un pays qui a souffert d’une politique socialiste où l’on a fait croire aux Français qu’ils étaient protégés grâce à un État nounou omniprésent. Pourtant notre pays est suradministré, étouffé par les impôts et la dette de l’État bat des records. Mais il ne faut pas perdre espoir car je suis persuadée que nous sommes en mesure de construire un véritable « pôle libéral » à droite. Si Laurent Wauquiez n’est pas tout à fait libéral, il sait que je le suis et il m’a fait confiance ; montrant ainsi que nous, libéraux, avions toute notre place au sein des Républicains.

Et c’est la deuxième chose que j’aimerais dire aux libéraux : rassemblons-nous, travaillons ensemble, soyons nombreux au sein des Républicains afin de peser de tout notre poids sur l’orientation du parti pour que la Droite ose porter, demain, un véritable projet libéral.

La réponse à votre seconde question est assez facile, il suffit de regarder le programme des candidats plébiscités lors de la primaire pour constater que nos électeurs sont résolument réformateurs.

Ils ont très largement voté pour diminuer les dépenses publiques de 100 milliards, pour réformer le régime de retraite, pour supprimer des postes dans la fonction publique ou pour restaurer l’autorité de l’État avec un régalien fort. Ce n’est pas neutre quand Emmanuel Macron présente, lui, un budget avec des dépenses de l’État qui continuent à augmenter au lieu de diminuer et des mesures sur la sécurité, l’immigration, la défense encore très timides.

Le gouvernement Macron déçoit par la timidité de ses réformes, surtout face à la dette, mais aussi par le recours, très prisé par la classe politique française, à une fiscalité particulièrement étouffante pour tous les secteurs de croissance. Quelle serait votre priorité d’action en cas d’accession au pouvoir ?

Tout d’abord, il est nécessaire de diminuer notre niveau d’endettement. Je rappelle que notre pays est en situation de quasi-faillite et qu’il sera en très grande difficulté le jour où les taux d’intérêt remonteront.

Il est donc urgent de diminuer les dépenses publiques en recentrant l’État sur ses missions régaliennes et surtout en étant capable de faire mieux avec moins. Il est tout aussi urgent de repenser nos administrations à travers le prisme du management et de la bonne gestion.

En parallèle nous devons libérer les énergies, et cela passe par le levier fiscal et le levier normatif.

Comme vous l’avez dit, notre fiscalité est particulièrement étouffante, si étouffante que nous sommes même les vice-champions du monde des prélèvements obligatoires qui, au passage, se rapprochent de leur record historique. Il est crucial de diminuer cette pression fiscale pour redonner du pouvoir d’achat aux Français et relancer la croissance.

Il faut ensuite s’attaquer aux milliers de normes qui parasitent grandement la vie de tous les Français et les empêchent bien trop souvent de travailler et de vivre comme ils l’entendent. La priorité me semble d’être de cesser la « sur-transposition » des normes européennes qui, en plus de nous faire perdre de la compétitivité par rapport à nos voisins, alimente grandement le sentiment eurosceptique. Je propose aussi que nous supprimions une norme, chaque fois que nous en créons une nouvelle, et ce, dans le même secteur.

En somme, si les Français trouvent que la droite que nous représentons est digne d’eux et qu’ils nous confient notre pays, notre priorité sera d’« arrêter d’emmerder les Français » comme disait Pompidou tout en faisant l’effort de diminuer notre niveau d’endettement.

Le modèle social et politique français est bloqué : non seulement la dette publique le paralyse, mais le maquis réglementaire, administratif et politique encourage le chômage et pousse bon nombre de nos concitoyens à l’exil : qu’est-ce que la droite peut offrir aux jeunes qui envisagent de quitter le pays pour saisir les opportunités que le modèle français n’offre plus ?

La droite doit faire du chômage des jeunes son combat principal. Comment accepter que dans un pays développé, 25% des jeunes actifs soient au chômage ?

Pour ce faire, il est urgent de libéraliser au maximum le marché du travail, en réduisant considérablement le Code du travail tout en diminuant drastiquement les charges qui pèsent sur nos entreprises. Je tiens à préciser que « libéraliser » ne signifie pas mettre en place un capitalisme sauvage. Cela signifie donner sa chance à tous, prôner l’équité et non l’égalitarisme qui nivelle par le bas, orienter les jeunes vers des formations aux métiers d’aujourd’hui et de demain et arrêter d’envoyer des jeunes vers des formations aux métiers d’hier ou sans débouchés.

La France doit aussi redevenir attractive pour les grandes entreprises et pour les investisseurs internationaux, nous sommes sur la bonne voie mais nous sommes partis de tellement loin après le dernier quinquennat qu’il faut absolument aller plus loin : il faut réduire le niveau d’impôt sur les sociétés et instaurer ensuite une stabilité à la fois fiscale, normative et syndicale. La droite doit se saisir de ces sujets.

Par ailleurs, il faut évidemment une politique de formation ambitieuse qui valorise l’apprentissage comme les métiers manuels. Cela passera selon moi par une plus grande autonomie pour les établissements qui doivent pouvoir s’adapter aux envies de leurs élèves.

Enfin, il faut que nos jeunes souhaitent réussir et gagner de l’argent en France ! Il me semble donc essentiel de mettre fin aux prélèvements confiscatoires. Vous savez, on parle beaucoup de « paradis fiscal » ou « d’exil fiscal » ; je réponds qu’il n’y a pas de paradis fiscal sans enfer fiscal, et qu’il est donc temps de ne plus être un enfer pour les contribuables.

La Droite doit être demain, la porte-parole de la jeunesse.