Tribune de Virginie Calmels, au lendemain du discours d’Emmanuel Macron au Congrès de Versailles, sur l’état de la droite, les causes de sa défaite et les défis de demain. 

Le soir du second tour des élections législatives a acté la fin de la droite telle que nous la connaissions. Après des décennies de valses hésitations et de renoncements progressifs à nos idées, l’échec est net. Il s’agit désormais de refonder notre famille politique en proposant des solutions claires, fortes et ambitieuses pour notre pays.

Le Président de la République vient de s’adresser au Congrès. Il l’a fait la veille du discours de politique générale du Premier ministre, et je salue sa capacité à ne jamais vraiment sortir de l’ambiguïté. Je le regrette d’autant plus que je perçois dans son discours de bonnes intuitions sur le rôle de l’Etat et son indispensable modernisation. Mais soyons exigeants. Nous avons trop souffert par le passé de déclarations présidentielles non suivies d’effets pour nous en contenter aujourd’hui. Or sur le sujet primordial de la dépense publique, le Gouvernement devra proposer dès demain des moyens d’action radicaux.

D’aucuns diront que ce combat est vain et sectaire, que la droite est déjà au gouvernement, mais comment pourrions-nous croire que quelques débauchages individuels érigés en prises de guerre permettront d’incarner nos idées tout au long du quinquennat ? L’habileté du Président de la République et ses manœuvres politiciennes auront réussi à troubler les électeurs et à leur faire croire à une coalition, à laquelle nous pouvions aspirer pour rassembler les réformateurs de gauche comme de droite et œuvrer au redressement du pays, mais nous voyons bien qu’il n’en est rien et que le gouvernement, où les technocrates issus des cabinets ministériels et de la haute administration sont légion, va simplement mettre en oeuvre le projet de centre gauche d’Emmanuel Macron.

Mais revenons-en à notre échec. Il serait trop aisé, et sans doute un peu lâche, de rejeter toute la responsabilité de la faute sur les affaires. Elles n’expliquent pas tout. Nous avons collectivement échoué à incarner une droite de tous les Français, y compris aux yeux d’une classe populaire qui ne percevait pas les bienfaits d’une politique libérale et d’un assainissement des comptes publics. Il faut pourtant en finir avec cet Etat gargantuesque qui, à force de vouloir s’occuper de tout, a négligé ses fonctions premières, celles qui font la France. Nous croyons à un Etat ferme sur les questions de sécurité et de justice, à la protection de notre héritage culturel et, surtout, à la consécration de la liberté au cœur de l’action économique. À la place de le revendiquer haut et fort nous avons laissé les étatistes de tout poil prospérer et Emmanuel Macron s’arroger le monopole du libéralisme alors qu’il apparaît pour l’instant encore bien trop centralisateur et dirigiste.

Le renoncement à notre programme présidentiel lors de la campagne des législatives a probablement été une nouvelle erreur. Car ce qui faisait notre force, c’est le courage incarné par le projet solide et cohérent de François Fillon, loin du « filet d’eau tiède » qui définit la nouvelle majorité. Bien entendu, la défense du pouvoir d’achat des Français est une priorité absolue qui exige une baisse importante des impôts. Mais ne soyons pas naïfs : celle-ci ne pourra venir que d’une baisse équivalente de la dépense publique. Ce qui relève du bon sens pour toutes les familles de France, à savoir l’impossibilité de dépenser structurellement plus que ce que l’on gagne, ou encore de s’endetter pour consommer plutôt que pour investir, est négligé par l’Etat, faute d’une méthode et d’une rigueur suffisantes. Nous aurions donc pu ne pas augmenter la TVA tout en maintenant le pouvoir d’achat des classes moyennes mais c’est une baisse de la dépense publique de 120 milliards qu’il aurait fallu proposer.

Ces derniers mois, nous avons aussi oublié que les élections se gagnent par l’alliance du centre et de la droite. Nous avons oublié que l’UMP était une union de gaullistes, de libéraux et de centristes. C’était parce que nous étions conscients de la diversité de nos sensibilités que nous pouvions être une famille unie et convaincante autour d’un projet commun. Cette exigence d’alliance ne doit pas nous rendre timorés ou faibles. Elle doit en revanche nous conduire à choisir nos combats et à mettre de côté les rancœurs personnelles.

Car au-delà, force est aussi d’admettre que nous n’avons pas su renouveler nos équipes et nos dirigeants. 

Femme, venue de l’entreprise, je suis l’une des rares figures nouvelles envoyées comme tête de liste lors des dernières élections régionales. Les législatives ont permis de voir émerger de nouveaux profils souvent loin des arcanes du pouvoir et des feuilletons politiciens mais pour beaucoup ils ont malheureusement été balayés par le tsunami En Marche !

Tirons lucidement les leçons de notre défaite et répondons à l’aspiration profonde de renouvellement qui souffle sur notre pays. Mais ce n’est pas que les visages qui doivent être renouvelés, c’est d’abord et avant tout les idées. Ne perdons pas de temps à jeter la pierre aux potentiels coupables, et consacrons plutôt notre énergie à porter nos convictions.

Ce travail, je compte y prendre ma part, avec vous. Le mouvement libéral et populaire, DroiteLib’, créé il y a quelques mois est ouvert à chacun de vous. Plate-forme de dialogue, de proposition, de riposte, elle ne sera pas une division de plus dans une famille de la droite et du centre déjà bien affaiblie par la co existence de multiples chapelles et de nombreux égos, mais elle sera l’un des fers de lance de la défense de nos idées comme la restauration des libertés, la lutte contre l’étatisme à tout-va tout en renforçant les missions régaliennes de l’Etat.

Librement,

Virginie Calmels
Présidente de DroiteLib’