Samedi, près de 290.000 « gilets jaunes » ont manifesté sur 2.034 sites à travers le pays pour protester contre la hausse des prix des carburants. Des blocages mais surtout des barrages filtrants et des opérations escargot ont été observés dans plusieurs régions de France. Ces « gilets jaunes » se sont à nouveau rassemblés dimanche en France et ont ralenti la circulation sur de nombreux axes routiers.
Dans une tribune publiée sur le site du JDD, l’ancienne numéro 2 des Républicains et première adjointe d’Alain Juppé à Bordeaux, Virginie Calmels, explique pourquoi elle soutient le mouvement des « gilets jaunes ».
Voici le texte de Virginie Calmels :
La colère des gilets jaunes est juste
« C’est de l’indifférence et du mépris qu’ont reçu les gilets jaunes pendant les jours qui précédèrent leur manifestation, cédant place à une certaine inquiétude. Face à cette colère naturelle qui ne respecte aucun code, les journalistes, de nombreux hommes politiques, ont fait la moue, la qualifiant tour à tour de poujadiste ou de jacquerie, pour mieux la minorer ou la marginaliser. Ils feraient pourtant mieux de l’écouter et de la comprendre. Elle nous dit quelque chose de profond sur l’état de notre pays. A l’instar du gilet qui est son symbole, cette colère est un signal de détresse. Une balise d’urgence qui remonte à la surface et nous indique une dégradation profonde mais invisible.
Nos concitoyens, souvent jeunes, modestes, qui ont pris la route sur leur journée de repos pour se mobiliser partout en France, dans un contexte tendu, pour dire leur exaspération, doivent être respectés et compris par le Président Macron et le gouvernement. Ceux là même qui ne manifestent jamais, ne sont pas militants, travaillent et paient silencieusement, ont osé passer d’une conversation initiée sur Facebook à l’action politique. Si l’émotion est palpable, la colère est raisonnable. Elle repose sur le constat d’une spoliation : un échange de pouvoir d’achat contre une dépense publique qui ne marche pas. C’est une colère juste.
Jacline Mouraud a parfaitement raison
Comme tous les Français, les gilets jaunes ressentent l’injustice profonde d’une taxation qui nous dépossède du fruit du travail, retenant près de deux euros gagnés sur trois au total et piétinant ainsi nos droits fondamentaux de propriété. A la pompe, où tout a commencé, un litre d’essence coûte pour les deux tiers, le paiement de la taxe intérieur sur les produits pétroliers. C’est là une pression fiscale intolérable qui ne cesse de s’accroître, visant les achats et la mobilité quotidienne de tous. En échange, pourtant, rien ne permet de croire que ces prélèvements améliorent notre niveau de vie alors que la dégradation des moyens des services de santé, de police, d’éducation ou de défense est patente. Comme le déclare Jacline Mouraud, égérie digitale du mouvement : « Qu’est ce que vous faites du pognon des Français? ».
Jacline a parfaitement raison. La France est la championne d’Europe des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, respectivement 57,5% et 45,3% du PIB en 2017, ce qui nous place en tête des nations les plus socialisées. Et la Présidence Macron n’arrange rien, contrairement à ses engagements, en augmentant en 2019 de 25 milliards ses dépenses pour l’administration centrale, renonçant par ailleurs à réduire sa fonction publique.
« Notre pouvoir d’achat est en berne »
Pourtant, alors que notre pouvoir d’achat est en berne au nom de ces dépenses publiques et des impôts, notre niveau de vie n’a rien de supérieur aux autres pays de l’OCDE. Tous les exemples étrangers, le Japon, l’Australie, la Suisse ou la Corée du Sud, démontrent qu’on peut, avec une fiscalité plus sobre, construire un niveau de vie et une sécurité comparable voir supérieur. Encore faut-il d’une part investir l’argent où il est vraiment nécessaire, d’autre part obtenir plus de performance de nos services publics pour chaque euro investi.
Deux formes de courage politique dont notre gouvernement et notre Président sont pour l’heure dépourvus. Sous réserve que les gilets jaunes conservent leur parfaite indépendance et veillent à la sécurité de leurs manifestations et du respect d’autrui, ils auront mon soutien, car leur colère est juste et raisonnable.