Portrait de Virginie Calmels, Les Echos, 2007
Virginie Calmels, trente-six ans, ex-directrice générale et nouvelle présidente d’Endemol France, n’aime rien tant que dérouter, surgir là où personne ne l’attend. Ses cheveux blonds, sa carnation délicate la rangeraient volontiers dans le camp des poupées décoratives. Lourde erreur, elle n’a pas attendu ses trente ans pour mener trois plans sociaux chez Canal+ et est réputée pour sa capacité de travail autant que pour sa détestation de la langue de bois.
Autre fausse piste, plusieurs médias en étaient convaincus, l’ex “Nul” Dominique Farrugia allait prendre la succession de Stéphane Courbit à la tête de la filiale française du leader mondial du divertissement audiovisuel. Après avoir longuement hésité, Virginie Calmels a accepté les rênes du groupe, incitée par l’interne et le nouveau consortium d’actionnaires mené par John de Mol, Silvio Berlusconi et Goldman Sachs. Quant à Dominique Farrugia, il ne figure pas dans le nouvel organigramme. Alors que chacun la guettait derrière Stéphane Courbit, et son fonds d’investissement, Virginie Calmels a estimé qu’il était temps “de voler de ses propres ailes”.
Passionnée de politique
De fait, et c’est sans doute l’essentiel, cette passionnée de politique apparaît d’abord comme une femme libre. L’exemple de son père, qui, après avoir été ruiné à la suite de la décolonisation algérienne, a remonté la pente jusqu’à prendre la vice-présidence du Conseil national du commerce, lui a instillé simultanément “un immense optimisme et un certain détachement à l’égard du matériel”.
Divergences stratégiques
DIplômée de Sup de co Toulouse et de l’Insead, expert-comptable en 1999, Virginie Calmels entame alors sa carrière en tant qu’auditeur financier chez Salustro Reyel. Cinq ans plus tard, l’un de ses clients, NC Numéricâble (groupe Canal+), dirigé par Denis Olivennes, la débauche. Première incursion dans l’univers audiovisuel.
S’ensuivent deux années – radicalement différentes – à Amsterdam comme international chief-officer de SkyGate BV, start-up dans les hautes technologies satellitaires. Avant qu’elle ne rejoigne à nouveau Canal+, dont elle devient tour à tour directrice financière de l’international, directrice administrative et financière de Canal+ SA, directrice générale adjointe de la chaîne, en 2002, et enfin codirectrice générale déléguée. Avec, à la clef, ces trois plans sociaux qui marqueront durablement son image, et des divergences stratégiques à l’origine de son départ du groupe. C’est ainsi qu’elle rejoint, en 2003, la direction générale d’Endemol France.
A présent, la nouvelle présidente compte s’attaquer à un certain nombre de mutations en profondeur : réorganisation du groupe en pôles de compétence et investissements dans la fiction, Internet et la téléphonie mobile. Encore du remous, toujours du remous : “Ma vie professionnelle n’a pas été un long fleuve tranquille, mais c’est ce que j’aime”, lâche-t-elle en guise de commentaire souriant.